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ZEDEK Mouloud :
La
force d’un verbe et la magie d’un vers qui découlent
d’une voix pompeuse et d’un ton majestueux, réjouissant
la bonne oreille : |
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Il
semble que tout le monde est d’accord pour dire que le verbe de
ZEDEK Mouloud est dosé d’une certaine intensité et
d’émotion mais aussi et surtout d’originalité,
Enfin l’Mouloud itmeslay taqbaylit Taqurant, amek ?
J‘ai toujours aimé la bonne parole, le beau verbe et la belle expression. J’ai souvent senti qu’il y’a un amour profond entre moi et les mots. Tout ce qui est poétique me touche. Le secret est peut-être là, donc le verbe dans mon texte découle de cet instinct et de cette affection que j’entretiens avec ma langue qui est essentiellement orale. Néanmoins, je ne ménage aucun effort pour me ressourcer auprès de ceux qui ont travaillé notre langue comme BOULIFA, MAMMERI et d’autres. On a l’impression que le texte chanté en Kabyle notamment la chanson d’amour véhicule des images de regret, de détresse, de malheur, de reproches, donc de pessimisme : Kulec d ashissef ! Est ce que pour Mouloud ZEDEK, chanter est synonyme de pleurer ? Le
pessimisme qu’on retrouve dans la poésie Kabyle reflète
sensiblement le vécu des Kabyles eux même. La chanson chez
nous, par conséquent, est plus qu’un mode d’expression,
elle est une manière d’extériorisation ; On «
dégage » avec nos chansons, ça nous réconforte. Pensez-vous que le style de musique que vous avez choisi est essentiellement votre création. à dire vrai, vous ne reproduisez pas un genre qui existe déjà ? On
ne choisit pas en matière de musique, dans un environnement comme
celui des villages Kabyles. Principalement, il n’y a pas de source
d’où l’on peut puiser la connaissance artistique, notamment
musicale. La réalité est dure, pour ne pas dire cruelle
: les portes sont souvent fermées. Si mon jugement est correct, tu travaille le folklore, est ce que le chaâbi, le moderne et l’oriental vous paraissent difficiles ou ne vous conviennent pas ? Je
pense qu’on ne peut pas réellement qualifier mon style de
Folklore. Il y’a un peu de tout dans ma musique et dans les airs
que j’emploie : un peu de chaâbi, un peu de traditionnel et
même quelques touches de moderne. J’apprécie tout et
toutes les musiques sont belles. La musique Kabyle offre l’image d’une musique traditionnelle dépourvue et pauvre. On peut bien le constater du point de vue de l’orchestration, à savoir le choix des instruments, leur qualité et leur nombre … L’orchestration
est avant tout une question de moyens et donc d’investissement.
Et si on parle d’investissement, on doit nécessairement évoquer
le marché du disque. A l’instar de l’ensemble des chanteurs Kabyles, vous êtes en même temps Parolier, Compositeur et Interprète. Ce n’est pas là, une cause qu’on peut avancer pour expliquer la faiblesse et le manque dont souffre notre chanson à tous les niveaux ? Je dois rappeler, pour une autre fois, ce que j’ai souligné auparavant sur l’environnement dans lequel on a évolué. Il s’agit – bien sûr - pour l’artiste-amateur de « Se débrouiller » s’il veut créer son œuvre. Il nous est imposé -villageois que nous sommes- d’être simultanément des poètes, des compositeurs et des interprètes.
Ceci dit des cas d’entraide et de collaboration existent également
même si ce n’est pas la règle et c’est tout aussi
respectable. L’engagement de Mouloud ZEDEK dans ses textes est évident mais restreint, dans le sens où il ne se prolonge pas dans l’acte politique. Une volonté délibérée dans cela ? Je
ne suis pas politicien et je ne veux pas l’être. Mon engagement
est d’un autre ordre et d’une autre dimension que je ne peux
pas résumer dans un discours politique visé et circonscrit. On a l’impression de comprendre à travers vos produits que vous voulez arranger tout le monde. Sur un CD on retrouve une chanson à caractère politique, une autre à caractère social, une autre à caractère d’amour…etc. Au début de ma carrière artistique, j’étais contrait de le faire. J’ai jugé plus avantageux de répondre aux goûts de tous ceux qui m’écoutent. Mais aujourd’hui, je chante ce qui émane spontanément de mes sensibilités et convictions et en toute humilité je tiens de plus en plus à priviligier la qualité à la quantité. Parlons justement de la qualité : tu l’as souligné précédemment, notre culture, du moins ce qu’il en reste, est essentiellement orale. Ce qui donne au chanteur kabyle un statut particulier. Il est en quelque sorte d’intellectuel qui s’exprime à travers la chanson. Que penses tu de la perte progressive de cette spécificité au profit de toutes les nouvelles formes de l’aliénation mentale en vogue de nos jours ? Ne préside-t-elle pas à la dislocation de nos anciennes valeurs qui faisaient notre identité et notre fierté ? Le monde d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. Les influences externes apportent leur lot de positif et malheureusement une grande partie du négatif. Il appartient aux plus lucides de veuillez à séparer le bon grain de l’ivraie. A travers tes chansons, au-delà de la force du verbe, on sent aussi que Zadek Mouloud ne chante pas pour chanter, il en découle un idéal, des convictions ? Je pense qu’à travers mes chansons, on peut facilement reconnaître un amoureux de valeurs traditionnelles, de ce qui forge un villageois sans nier qu’il y’a de choses à réformer. Encore une fois, il faut savoir faire le tri et ce sont ces convictions qui m’inspirent et qui fait également partie de ma personnalité. Là le sens de mon combat. Une
autre caractéristique du verbe de Zedek Mouloud : le choix des
mots donne une profondeur et une portée à la poésie
telles que chaque préposition peut être utilisée comme
citation universelle : En ce qui concerne mon enrichissement, j’essaie d’aller à la rencontre de toute forme de sagesse populaire et autre, notamment le peu d’écrit dont on dispose. Pour le reste tout me vient de l’inspiration et du plus profond de moi, je ne saurai l’exprimer. |