Entretien avec le Secrétaire Général du Congrès Mondial Amazigh,
Ahcene Bozetine

Après le IV congrès de Nador (Maroc) qui s’est déroulé le 6, 7 et 8 Août, le nouveau secrétaire général du Congrès Mondial Amazigh Me Ahcene BOZETINE, nous reçois dans son cabinet d’avocat à Paris pour faire le point sur les travaux du congrès et ainsi l’état et la situation générale de l’ONG. Voici l’interview…

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10 ans après la naissance du Congrès Mondial Amazigh, l’organisation nous semble loin d’atteindre les ambitions et le défit qu’elle s’est assignée. Autrement, le CMA n’a pas encore son impact réel comme une ONG qui défend plus de 40 millions de berbère dans le monde…

10 ans d’existence est peu dans l’histoire d’une ONG Internationale comme la notre compte tenu des obstacles qu’elle rencontre tous les jours. Faut-il rappeler qu’elle intervient dans des espaces confinés (Afrique du Nord NDLR).

Vous connaissez bien l’attitude des régimes en place à l’égard des associations et organisations qui les dérangent.

A cela s’ajoute le peu de moyens matériels dont dispose l’organisation. En dépit de tout cela, le CMA est, d’une part, présent aux côtés des populations berbères à travers les associations membres qui sont une forme de relais sur le terrain. Et, d’autre part, devenu visible sur la seine internationale en tant que partenaire d’autres organisations de défense des droits de l’Homme.

Vous ne jugez pas nécessaire de re-questionner une autre fois le CMA en tant que structure en elle même. Et pour reprendre le mots de l’autre : réfléchir à la refondation de l’organisation.

Aucune structure n’est figée. Le CMA a toujours été un lieu de débat. Vous n’avez qu’à reprendre les PV établis après chaque assemblée générale.Le CMA demeure une structure indépendante des Etats et des partis politiques. Sa mission est claire : Défendre les droits des peuples berbères, soutenir leurs choix, informer et interpeller l’opinion publique, les gouvernements et les organisations internationales à chaque fois que les droits de ces peuples sont violés.

Quels sont, réellement, les vrais obstacles que rencontre actuellement le CMA ?

Outre les obstacles cités plus hauts, vous savez bien que les berbères d’Afrique du Nord vivent sur un vaste territoire entrecoupé de frontières artificielles ; ce qui ne facilite pas leurs rencontres. A titre d’exemple, la fermeture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc a empêché les berbères d’Algérie d’être présent à la dernière AG de Nador.Il y a trois ans, la délégation algérienne n’a pas pu participer à l’AG de Roubaix faute de visas.La liste des obstacles n’est pas exhaustive

Malgré tout il y’a des réalisations accomplies …

Heureusement. C’est grâce à la persévérance dans le travail sur le terrain des associations locales membres, et celui accompli par le Bureau Mondial et le Conseil Fédéral.Progressivement, le CMA s’approprie les différents instruments internationaux

( ONU, Conseil de l’Europe, UE…). C’est ainsi que le CMA a été reçu à Genève, Strasbourg, Bruxelles et été présent à tous les Forums consacrés aux droits de l’Homme. Le CMA est déterminé à aller de l’avant en se saisissant des tous les outils juridiques et institutionnels pour faire respecter les droits des berbères là où ils se trouvent.

Qu’en est –il du IV congres de Nador ?

Le regroupement de tous les berbères dans un congrès chaque trois ans est fortement symbolique en soi. Il est aussi une occasion de faire le point sur ce que nous avons réalisé ensemble et ce que nous projetons d’initier pour l’avenir.Cette fois-ci, le congrès de Nador au Maroc était exceptionnel dans la mesure ou il s’est déroulé en Afrique du Nord, bastion de tamazgha.

En absence de la délégation Algérienne pour la deuxième fois, le CMA n’est –il pas dépourvu de son énergie effective et de son vrai souffle ?

Les raisons des cette absence ont été évoquées plus haut. L’énergie du CMA et son souffle, pour reprendre vos termes, ne sont ni la délégation algérienne, ni celle du Maroc ni celle de la diaspora.C’est l’ensemble de ces délégations et les forces vives qui militent tous les jours sur le terrain qui donnent au CMA son souffle et son énergie.

Belkacem Lounes a été reconduit comme président du CMA malgré ses déclarations préalables dont-il manifeste son désir de voir le prochain président désigné parmi les associations du pays organisateur.

Belkacem Lounes a accompli un énorme travail et acquis une expérience dont a besoin encore le CMA. Le fait qu’il soit reconduit à l’unanimité des associations présentes est un signe de reconnaissance et de maturité de notre organisation qui aspire à la stabilité.

Quels étaient les grands points du rapport final du IV congrès ?

Nos rapports sont des pistes de travail. A Nador nous avons retenus les thèmes suivants :- Stratégies et relations internationales,- Résistances et luttes des Amazighs,- Terre et développement durable,- Social, Culture, Langue, Information et Communication,- Organisation, juridique et finances.

Qu’envisagez-vous pour le V congrès de 2008 ?

L’espoir fou de l’organiser en Kabylie.

Propos recueillis par l'équipe de la rédaction